Accueil Santé Une odeur d’œuf pourri pourrait protéger contre Alzheimer

Une odeur d’œuf pourri pourrait protéger contre Alzheimer

1
0

Une odeur désagréable pourrait offrir une protection contre Alzheimer

Une étude américaine suscite un nouvel intérêt pour le sulfure d’hydrogène, un gaz connu pour son odeur d’œuf pourri. Chez des souris atteintes d’une forme expérimentale de la maladie d’Alzheimer, ce composant aurait permis d’améliorer significativement leurs fonctions cognitives et motrices.

La maladie d’Alzheimer est la première cause de démence chez les personnes âgées. Face aux traitements encore limités, les chercheurs explorent de nouvelles pistes pour ralentir la progression de la neurodégénérescence. Parmi ces pistes, le rôle potentiel du sulfure d’hydrogène, une molécule produite naturellement par le corps humain en très faibles quantités, fait l’objet de recherches.

Le sulfure d’hydrogène, un gaz présent dans l’organisme

Ce gaz est surtout connu pour son odeur désagréable, proche de celle des œufs pourris. Cependant, il ne provient pas uniquement des gaz intestinaux. Le corps humain en fabrique naturellement de petites quantités, essentielles à plusieurs fonctions biologiques. Il intervient notamment dans le métabolisme cellulaire, la dilatation des vaisseaux sanguins ou encore la communication entre cellules nerveuses.

Des études antérieures ont montré que le métabolisme de ce gaz est perturbé dans certaines maladies neurodégénératives, dont Alzheimer. Avec l’âge, et plus encore chez les personnes atteintes de cette maladie, les niveaux de sulfure d’hydrogène ont tendance à diminuer.

Une amélioration des fonctions cognitives

En 2021, une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) a examiné les effets d’un composé expérimental, le NaGYY. Ce dernier peut libérer lentement du sulfure d’hydrogène dans l’organisme.

Les chercheurs ont travaillé sur des souris génétiquement modifiées pour reproduire la maladie d’Alzheimer chez l’homme. Pendant 12 semaines, ces rongeurs ont reçu des injections de ce composé, puis ont passé une série de tests pour évaluer leur mémoire et leurs capacités motrices.

Les résultats montrent que les souris traitées ont amélioré d’environ 50 % leurs performances cognitives et motrices par rapport à celles non traitées. Elles se souvenaient mieux des tâches et étaient plus actives physiquement.

Un mécanisme clé impliquant la protéine Tau

Pour comprendre ces effets, les chercheurs ont étudié une enzyme appelée glycogène synthase bêta (GSK3β). En conditions normales, cette enzyme joue un rôle positif dans la signalisation cellulaire.

Mais, en l’absence de sulfure d’hydrogène, la GSK3β interagit excessivement avec la protéine Tau, connue pour son implication dans Alzheimer. Cette interaction favorise la formation d’amas toxiques à l’intérieur des neurones, ce qui perturbe la communication entre eux et mène à leur mort progressive. En augmentant les niveaux de sulfure d’hydrogène, cette cascade délétère semble être freinée chez les souris.

Attention à l’interprétation : ne pas respirer ses flatulences

Contrairement à certaines idées, sentir volontairement des odeurs désagréables ne protège pas du déclin cognitif. Le sulfure d’hydrogène est toxique à forte dose, et son inhalation n’a aucun effet thérapeutique démontré.

Ce que ces recherches révèlent, c’est une piste médicamenteuse prometteuse. À terme, les scientifiques espèrent développer des traitements capables de réguler de manière ciblée et sécurisée les niveaux de sulfure d’hydrogène dans le cerveau, afin de ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici