La sclérose en plaques est une maladie auto-immune qui touche actuellement environ 120 000 personnes en France. Chaque année, 3 000 nouveaux cas sont diagnostiqués. Cette pathologie affecte le système nerveux central et survient généralement vers l’âge de 30 ans. Elle se manifeste par des lésions qui perturbent la motricité, la sensibilité et parfois les fonctions cognitives. À long terme, ces troubles peuvent évoluer vers un handicap irréversible.
Une nouvelle étude menée par l’Université de Californie à San Francisco (États-Unis) et publiée dans Nature Medicine le 20 octobre 2025, révèle que les lésions responsables de la sclérose en plaques commenceraient jusqu’à sept ans avant le diagnostic. Selon les chercheurs, ces découvertes pourraient transformer la façon dont cette maladie est prise en charge à l’avenir.
Les chercheurs ont analysé les échantillons sanguins de 134 personnes, avant et après leur diagnostic. Ils ont examiné plus de 5 000 protéines et ont constaté qu’une augmentation d’une protéine spécifique, la MOG (Myéline Oligodendrocyte Glycoprotéine), était présente jusqu’à sept ans avant la détection officielle de la maladie. Cette protéine est présente dans la gaine protectrice du système nerveux central.
Une lésion invisible mais présente plusieurs années avant
Les scientifiques expliquent que cette augmentation de la MOG correspond à une « lésion de l’isolant entourant les fibres nerveuses ». Un an après cette première augmentation, une autre protéine, la Neurofilament à chaîne légère, apparaît dans le sang. Elle indique la présence d’une lésion des fibres nerveuses. Par ailleurs, la protéine IL-3, jouant un rôle dans la phase précoce du dommage au système nerveux central, a été détectée dans les prélèvements sanguins. Elle est connue pour attirer des cellules immunitaires dans le cerveau et la moelle épinière, qui y attaquent les cellules nerveuses.
Le Dr Ari Green, l’un des auteurs de l’étude, souligne que cela montre que la sclérose en plaques se déclare bien avant l’apparition des premiers symptômes. Il évoque la possibilité de prévenir la maladie ou, au moins, de protéger les patients contre de nouvelles lésions, grâce à ces nouvelles connaissances.
Une cinquantaine de protéines annonciatrices
Les chercheurs ont identifié environ 50 protéines pouvant annoncer la sclérose en plaques. Forts de ces résultats, ils ont déposé un brevet pour un test sanguin basé sur 21 de ces protéines, les plus pertinentes pour le diagnostic.
Si ces travaux aboutissent, cela pourrait permettre un diagnostic plus précis et une meilleure prise en charge de la maladie. Le Dr Ahmed Abdelhak, professeur à l’UCSF, estime que ces avancées ouvrent de nombreuses perspectives pour le suivi et le traitement de la sclérose en plaques, et pourraient changer la compréhension de cette maladie.
Des signaux avant la maladie jusqu’à 15 ans
Une autre étude, publiée cet été dans JAMA Network Open, a montré que certains symptômes précoces pouvaient apparaître jusqu’à 15 ans avant le diagnostic officiel. Ces patients commencent alors à consulter pour des douleurs, de la fatigue ou de l’anxiété. Environ 12 ans avant le diagnostic, ils se tournent souvent vers un professionnel de santé mentale, car ils présentent un risque accru de troubles psychiques, deux fois plus élevé que dans la population générale.
Ensuite, environ 9 ans avant le diagnostic, les consultations pour des problèmes oculaires, comme une vision brouillée, augmentent. Trois à cinq ans avant, le recours aux urgences devient plus fréquent, culminant l’année du diagnostic.
Le Dr Tremlett, auteur de cette étude, explique qu’en identifiant ces signaux d’alerte, il sera peut-être possible d’intervenir plus tôt. Cela pourrait passer par une surveillance accrue, un soutien adapté ou des stratégies préventives. La recherche sur les biomarqueurs précoces et les facteurs liés au mode de vie pourrait ainsi jouer un rôle clé dans la lutte contre la maladie.






