Pourquoi les médecins recommandent de se faire vacciner contre la grippe dès maintenant
Chaque année, la grippe cause de nombreux problèmes de santé. L’épidémie 2024-2025 a été particulièrement longue et virulente, selon Santé publique France. Elle a duré plus de trois mois, voire plus dans certains départements d’outre-mer. Elle a entraîné 2,7 millions de consultations en médecine de ville et 29 000 hospitalisations après une visite aux urgences. La majorité des patients hospitalisés avaient 65 ans ou plus.
Cette saison a également été marquée par un excès de mortalité. Environ 14 000 décès ont été recensés, en grande partie liés à la grippe. Ce bilan lourd s’explique en partie par une couverture vaccinale encore insuffisante en France. Seulement 47 % des personnes âgées de 65 à 74 ans et 61 % de celles de 75 ans et plus ont été vaccinées. Pourtant, ce petit geste a un grand impact, pas seulement pour les seniors.
La vaccination n’est pas réservée aux personnes âgées
Le vaccin contre la grippe n’est pas uniquement destiné aux personnes âgées. La Haute Autorité de santé (HAS) recommande aussi la vaccination pour celles et ceux qui souffrent de maladies chroniques, sont enceintes ou ont un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 40.
Ces personnes peuvent obtenir le vaccin gratuitement en pharmacie, sur présentation de leur carte Vitale et d’un bon de prise en charge de l’Assurance maladie. La majorité des autres personnes doivent financer le vaccin, remboursé à 65 %. Le vaccin est aussi recommandé aux professionnels de santé et à l’entourage des patients immunodéprimés.
Deux nouveaux vaccins « de formule améliorée »
Pour mieux lutter contre le virus, les autorités sanitaires ont encouragé les fabricants à remplacer les vaccins tétravalents, qui protégeaient contre quatre souches, par des vaccins trivalents, qui n’en ciblent que trois. La souche B/Yamagata a disparu depuis plusieurs années et a été exclue de la composition du vaccin. La Haute Autorité de santé recommande aussi l’utilisation de vaccins plus dosés ou adjuvés chez les personnes âgées, pour une meilleure protection.
Faciliter la vaccination : plus besoin de consulter un médecin
Depuis 2022, les pharmaciens peuvent prescrire et administrer le vaccin contre la grippe aux personnes de plus de 11 ans. Les infirmiers et infirmières ont également cette capacité. Les préparateurs en pharmacie, ainsi que les étudiants en médecine ou pharmacie sous supervision, peuvent aussi administrer le vaccin. La vaccination peut aussi se faire dans le cadre de la médecine du travail. Il n’est donc pas obligatoire de passer par un médecin généraliste.
Vacciner contre la grippe et le Covid le même jour
Il est possible de recevoir les vaccins contre la grippe et le Covid lors du même rendez-vous, en injectant chaque vaccin dans un bras différent. Des études montrent que cette pratique ne nuit pas à l’efficacité ni à la sécurité des vaccins. Il n’est pas nécessaire d’attendre entre les deux injections. Cependant, la différence dans la saisonnalité du Covid et de la grippe peut compliquer la planification.
Un vaccin combiné grippe-Covid en développement
Plusieurs laboratoires, dont Moderna et Novavax, travaillent sur un vaccin hybride qui pourrait combiner la protection contre la grippe et le Covid. Des essais cliniques ont déjà montré des résultats prometteurs. Cependant, la responsable du Centre national des infections respiratoires à l’Institut Pasteur insiste sur le besoin d’études complémentaires pour garantir l’efficacité et la sécurité de ces vaccins combinés. La décision de leur utilisation dépendra de ces résultats.
Faut-il rendre la vaccination obligatoire ?
En France, la vaccination contre la grippe n’est pas obligatoire. Imposer cette mesure pourrait réduire la pression sur le système de santé et sauver des vies, mais cela reste un sujet complexe. Selon la spécialiste, il serait préférable de promouvoir une vaccination volontaire et altruiste, notamment chez les professionnels de santé, tout en encourageant la responsabilité individuelle par des mesures comme le remboursement. Pour une généralisation, il faudrait simplifier l’accès au vaccin, en supprimant l’obligation d’ordonnance et en assurant son remboursement intégral.
Notre experte : Pre Marie-Anne Rameix-Welti, biologiste, virologue et responsable du Centre national des infections respiratoires à l’Institut Pasteur à Paris.
