Les hommes ont besoin de deux fois plus d’exercice que les femmes pour en retirer les mêmes bénéfices
Une étude publiée dans la revue Nature Cardiovascular Research révèle que les hommes doivent pratiquer environ neuf heures d’activité physique par semaine pour obtenir les mêmes bénéfices cardiovasculaires que les femmes, qui en ont besoin d’un peu plus de quatre heures. Ces conclusions, basées sur l’analyse de plus de 80 000 personnes au Royaume-Uni, montrent que l’impact de l’exercice diffère selon le sexe. Elles suggèrent également qu’il serait pertinent d’adapter les recommandations de santé en fonction de ces différences.
Des différences dans la réduction du risque de maladie cardiaque
Les chercheurs ont constaté que chez les femmes, 250 minutes d’exercice par semaine — soit un peu plus de quatre heures — permettaient de réduire d’environ 30 % le risque de maladie cardiaque. Pour obtenir une réduction similaire, les hommes devaient pratiquer près de 530 minutes, c’est-à-dire environ neuf heures hebdomadaires.
De plus, chez les femmes respectant la recommandation de 150 minutes d’activité modérée par semaine, le risque de développer une maladie cardiaque diminuait de 22 % sur huit ans. Chez les hommes, la baisse était de 17 % dans les mêmes conditions. Ces résultats pourraient encourager davantage les femmes à pratiquer une activité physique régulière, soulignent les auteurs de l’étude.
Une explication encore mystérieuse
Les raisons pour lesquelles l’exercice semble plus bénéfique aux femmes restent encore floues. Les scientifiques évoquent plusieurs pistes : des différences hormonales, musculaires ou métaboliques pourraient expliquer cette réponse plus favorable à l’effort chez les femmes. Par exemple, elles auraient une meilleure capacité à métaboliser les sucres pour produire de l’énergie, ce qui pourrait renforcer l’effet protecteur de l’activité physique.
Le professeur Yan Wang, principal auteur de l’étude, insiste sur le fait que les deux sexes peuvent tirer de grands bénéfices cardiovasculaires de l’exercice. Il souligne également l’importance d’adapter les recommandations pour encourager particulièrement les femmes sédentaires à devenir plus actives, afin de diminuer leur risque cardiovasculaire.
Appel à des recommandations spécifiques selon le sexe
Ces travaux remettent en question l’approche unique actuellement préconisée par des organismes comme l’Organisation mondiale de la santé, l’American Heart Association ou la Société européenne de cardiologie. Ces institutions recommandent généralement au moins 150 minutes d’activité modérée par semaine pour tous les adultes.
Selon la docteure Emily Lau, spécialiste en santé cardiovasculaire des femmes, une approche uniforme ne convient pas à tous. Elle insiste sur la nécessité de passer de recommandations générales à des stratégies personnalisées, en intégrant des spécificités liées au sexe pour mieux protéger la santé cardiaque des femmes.
Profiter davantage après une maladie cardiaque
L’étude montre également que les femmes souffrant déjà de maladie coronarienne tirent encore plus d’avantages de l’exercice. Le risque de mortalité toutes causes confondues était trois fois plus faible chez celles qui atteignaient leurs objectifs d’activité physique par rapport aux hommes ayant un niveau d’exercice similaire.
Cependant, les chercheurs rappellent que, dans le monde, les femmes restent en moyenne moins actives que les hommes et sont moins nombreuses à atteindre les seuils recommandés. Les maladies cardiovasculaires restent la première cause de mortalité chez les femmes, représentant un tiers des décès féminins à l’échelle mondiale. Des études complémentaires seront nécessaires pour confirmer ces résultats sur des populations plus diverses.






