Les injections pour maigrir : une promesse souvent déçue
Les injections telles que Ozempic ou Wegovy sont très médiatisées depuis plusieurs mois. Elles suscitent à la fois des espoirs de perdre du poids rapidement, sans régime strict ni chirurgie, et des inquiétudes concernant leurs risques pour la santé. Sur les réseaux sociaux, des avant/après spectaculaires alimentent l’idée d’une « piqûre miracle » qui changerait tout.
Une expérience personnelle mitigée
Pour Sabrina Chazen, 39 ans, ancienne joueuse de water-polo devenue créatrice de contenus, cette solution n’a pas répondu à ses attentes. Lorsqu’elle a commencé un traitement injectable pour réduire son appétit, elle y a cru : « Je me suis dit : Ça y est, c’est le truc magique qui va marcher là où tout le reste avait échoué », raconte-t-elle sur le site Today. Mais, au bout de deux ans, la magie n’a pas opéré.
Deux ans d’injections, 10 kilos perdus
Le médicament qu’elle a utilisé appartient à la famille des agonistes du GLP-1, des traitements anti-obésité approuvés pour traiter l’obésité et le diabète de type 2. Ces médicaments imitent une hormone libérée après les repas, ce qui réduit l’appétit. Selon le fabricant, Novo Nordisk, ils peuvent entraîner une perte de poids « cliniquement significative », c’est-à-dire entre 15% et 20% du poids initial.
Après deux ans, Sabrina a perdu près de 10 kilos, un résultat bien inférieur à ses attentes. « Ce n’était pas magique pour moi », confie-t-elle. « J’ai pris ce médicament, j’ai tout fait correctement, mais je n’ai pas perdu autant que je voulais. Je me sens coincée dans mon corps, alors que d’autres y arrivent. » Elle explique aussi que, malgré une réduction de l’envie de manger, elle mangeait encore des aliments qu’elle aimait, comme une tarte ou des frites. La nourriture restait pour elle une source de plaisir et de réconfort.
Un regard critique sur les attentes
La spécialiste de l’obésité Jennifer Manne-Goehler, interrogée par Today, ne s’étonne pas du sentiment de déception de Sabrina. « Il y a une idée répandue que la perte de poids avec les GLP-1 sera spectaculaire », explique-t-elle. Pourtant, elle remarque que « les réactions aux médicaments pour maigrir varient beaucoup d’une personne à l’autre ».
Les essais cliniques sur le sémaglutide, un autre médicament de cette famille, montrent que 12 à 15 % des personnes en surpoids ou obèses perdent moins de 5 % de leur poids. Pour cette médecin, ces traitements ne sont qu’un outil parmi d’autres. « La plupart des patients auront besoin de plusieurs approches tout au long de leur vie. Le médicament peut faire partie du plan, mais ce n’est pas la seule solution ».
Le sentiment d’échec face aux autres
Jennifer Manne-Goehler souligne aussi que la stigmatisation liée au poids ne disparaît jamais. « Les gens ont souvent l’impression que si le traitement ne fonctionne pas, c’est de leur faute ».
Sur ses réseaux sociaux, Sabrina a raconté avoir perdu « 5 kilos, 10 kilos, ce qui est incroyable », avant de reconnaître qu’elle pouvait facilement reprendre du poids en mangeant. Voir d’autres personnes réussir à maigrir avec ces traitements la met en colère. « Je suis heureuse que ça marche pour eux, mais ce message peut être dangereux. Les gens pensent que tout le monde peut devenir mince facilement. On leur dit ‘prends des injections, tu n’auras plus besoin d’être grosse’. »
Arrêt du traitement et sentiment d’unité
Fatiguée des démarches administratives pour obtenir le remboursement, Sabrina a finalement arrêté les injections. En lisant les témoignages de personnes déçues comme elle, elle a compris qu’elle n’était pas seule dans cette expérience.






