Des médicaments pour la perte de poids pourraient aussi aider à lutter contre l’alcoolisme
Les médicaments comme l’Ozempic, le Saxenda et le Wegovy sont principalement utilisés pour lutter contre l’obésité. Ils contiennent tous une hormone appelée GLP-1 (Glucagon-Like Peptide-1), naturellement produite par l’intestin après un repas. Cette hormone régule la glycémie, l’appétit et la sensation de satiété. En reproduisant cette hormone sous forme de gélules, ces traitements renforcent leur effet sur le métabolisme, aidant ainsi les personnes à perdre du poids.
En France, entre 2021 et 2022, environ 600 000 patients ont reçu un traitement à base de GLP-1, dont 215 000 avec Ozempic, selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). La hausse du diabète et de l’obésité pousse de plus en plus de patients à utiliser ces médicaments. Récemment, une étude a suggéré que leur action pourrait aller au-delà de la perte de poids. Elle pourrait également influencer la dépendance à l’alcool.
Une influence sur la consommation d’alcool
Des chercheurs du Fralin Biomedical Research Institute de Virginia Tech ont étudié le comportement de 24 adultes obèses face à l’alcool. La moitié d’entre eux suivait un traitement à base de GLP-1 depuis au moins quatre semaines. En comparant les deux groupes, ils ont observé comment ces médicaments modifiaient la réaction des participants face à l’alcool.
Une réduction de l’ivresse dès les premières minutes
Les participants ont consommé des boissons alcoolisées équivalant à un taux d’alcoolémie d’environ 0,08 g, mesuré à l’éthylotest. Pendant près de quatre heures, les chercheurs ont analysé le taux d’alcool dans leur souffle, leur envie d’alcool, leur appétit, ainsi que leur perception de l’ivresse sur une échelle de 0 à 10.
Les résultats montrent que le groupe sous traitement GLP-1 voyait son taux d’alcoolémie augmenter plus lentement. Dès les dix premières minutes, la concentration d’alcool dans leur souffle était presque deux fois moindre que chez le groupe témoin. En effet, leur niveau d’alcool mesuré était de 0,021 g/dL contre 0,037 g/dL chez les non-traités.
Les médicaments ralentissent la vidange gastrique, ce qui limite l’absorption de l’alcool. Les chercheurs ont aussi constaté que les envies d’alcool étaient globalement plus faibles chez les patients sous GLP-1. Selon Alex DiFeliceantonio, co-auteur de l’étude, ces médicaments pourraient réduire la consommation d’alcool en dehors du laboratoire.
Une piste pour traiter l’addiction ?
Les chercheurs avancent que si les GLP-1 ralentissent l’entrée de l’alcool dans le sang, ils pourraient aussi diminuer ses effets et aider à réduire la consommation. La science commence à expliquer ce phénomène : il semble que ces médicaments influencent la signalisation de la récompense dans le cerveau, non seulement pour la nourriture, mais aussi pour des substances comme l’alcool et la nicotine.
Des études chez les rongeurs ont confirmé cette hypothèse. Certains traitements à base de GLP-1 agissent directement sur des zones du cerveau liées au plaisir et à l’addiction, comme l’aire tegmentale ventrale et le noyau accumbens. Ces modifications réduisent l’envie de consommer de l’alcool.
Les chercheurs restent prudents, mais ils sont confiants : si d’autres études à grande échelle valident ces résultats, ces médicaments pourraient devenir une nouvelle classe de traitements contre les addictions. Cependant, ils précisent que cette étude n’est qu’un signal d’alerte, pas une conclusion définitive.
Une utilisation encadrée
En attendant des recherches plus approfondies, la prise de médicaments à base de GLP-1 doit toujours faire l’objet d’une consultation médicale. Ces traitements ont des effets complexes sur le métabolisme et le système de récompense, et peuvent entraîner des effets secondaires importants dans certains cas.






