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Cancer du sein entre deux mammographies : le danger invisible

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En France, le cancer du sein représente un tiers de tous les nouveaux cas de cancer chez la femme. C’est également la première cause de décès par cancer dans cette catégorie, selon Santé Publique France. Heureusement, lorsque la maladie est détectée tôt, le taux de survie atteint près de 90 %.

Le principal outil de dépistage est la mammographie. Mais que se passe-t-il si une femme développe un cancer entre deux mammographies ?

Le cancer du sein de l’intervalle

Ce type de cancer apparaît entre deux examens mammographiques. Il est souvent plus agressif, ce qui en fait un enjeu majeur de santé publique. Récemment, une étude britannique publiée dans la revue Radiology, journal de la Radiological Society of North America (RSNA), a montré qu’il est possible d’utiliser l’intelligence artificielle pour mieux repérer les femmes à risque.

Les chercheurs de l’Université de Cambridge ont analysé 134 217 mammographies numériques négatives réalisées entre 2014 et 2016 dans deux centres au Royaume-Uni. Ces images concernaient des femmes âgées de 50 à 70 ans. Ils ont utilisé un algorithme d’apprentissage profond appelé Mirai, capable d’attribuer un score de risque de développer un cancer de l’intervalle dans les trois ans suivant l’examen.

Une meilleure prédiction que les méthodes classiques

Les résultats sont prometteurs : l’outil a réussi à prédire 42,4 % des 524 cancers d’intervalle chez les femmes qui avaient les 20 % de scores les plus élevés. Selon Joshua Rothwell, principal chercheur, un examen complémentaire pour ces femmes pourrait permettre d’identifier près de la moitié des cancers de l’intervalle.

Ce nouvel outil s’appuie principalement sur des caractéristiques de la mammographie, comme la densité mammaire ou la présence de tumeurs, pour ajuster la fréquence des dépistages. Il est plus précis que les méthodes classiques, surtout pour les cancers survenant dans l’année suivant l’examen. Cependant, il montre ses limites chez les femmes aux tissus mammaires très denses.

Ces avancées ouvrent la voie à un dépistage plus personnalisé du cancer du sein. Néanmoins, comme le souligne la professeure Fiona J. Gilbert, il faudrait pouvoir proposer une imagerie complémentaire, comme une IRM ou une mammographie avec contraste, à un grand nombre de femmes, ce qui représente un défi logistique considérable.

Le dépistage : un enjeu essentiel

Cette étude rappelle aussi l’importance du dépistage régulier. Des recherches récentes montrent que les femmes qui manquent leur premier dépistage ont un risque beaucoup plus élevé de décéder de cette maladie 25 ans plus tard. Les experts appellent donc à renforcer la participation au dépistage.

En France, le dépistage organisé cible les femmes de 50 à 74 ans, sans antécédents familiaux ou symptômes, en se basant uniquement sur l’âge. Cependant, certains gynécologues recommandent désormais de faire une mammographie tous les deux ans dès 40 ans, compte tenu de la rapidité d’évolution du cancer dans cette tranche d’âge.

Si une proche a été diagnostiquée avant 50 ans, ou si vous avez des mutations génétiques, ou si vous avez déjà subi une radiothérapie thoracique, il est conseillé de commencer le dépistage plus tôt. De même, la détection d’une grosseur lors de l’autopalpation peut justifier une surveillance renforcée.

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