Il ne faut pas penser qu’un médicament en vente libre est nécessairement sans danger. C’est ce que rappelle Prescrire, une revue médicale indépendante. Fin décembre 2025, elle a publié sa liste noire des médicaments dont le rapport bénéfice-risque est défavorable et qui sont encore disponibles sur le marché français. Plusieurs produits largement utilisés sont concernés.
Pour l’édition 2026, Prescrire met en garde contre 108 médicaments à éviter, dont 89 sont toujours commercialisés en France. Parmi eux, le phloroglucinol, aussi connu sous le nom de Spasfon. Ce médicament est un antispasmodique très répandu pour soulager les douleurs abdominales et gynécologiques.
Des risques jugés trop importants
La revue médicale estime que la consommation de Spasfon expose les patients à des effets indésirables disproportionnés par rapport à son efficacité. Ces effets peuvent parfois être comparés à un placebo. Parmi les risques mentionnés figurent des réactions allergiques, mais aussi le syndrome de Lyell, un trouble dermatologique grave. Ce syndrome peut entraîner la nécrose des tissus de la peau, voire des organes, et la perte des fonctions vitales de la peau.
De plus, la Haute Autorité de Santé considère que le service médical rendu par le phloroglucinol est faible ou insuffisant dans la majorité des indications. En raison de ces risques, la Belgique l’a retiré de son marché en 2010. Cependant, il reste encore commercialisé et largement utilisé en France et en Italie. En 2023, près de 26,5 millions de boîtes de Spasfon ont été remboursées par l’Assurance maladie.
Quels autres médicaments sont à éviter ?
Outre le phloroglucinol, Prescrire met en garde contre plusieurs autres médicaments, notamment ceux contre le rhume et la toux. Parmi eux, la diosmectite (commercialisée sous le nom de Smecta) et l’hydrotalcite (Rennieliquo), qui peuvent contenir naturellement du plomb. La revue recommande également d’être prudent avec certains médicaments contre les douleurs articulaires, comme l’acéclofénac (Cartrex) et le diclofénac (Voltarène). Ces médicaments augmenteraient le risque de maladies cardiovasculaires graves, telles que l’infarctus du myocarde ou l’insuffisance cardiaque.
Cette année, quatre nouveaux médicaments entrent dans la liste des produits à éviter : l’andexanet alfa (qui sert à neutraliser l’effet des anticoagulants), la chondroïtine (utilisée contre l’arthrose), le fézolinétant (contre les bouffées de chaleur liées à la ménopause) et le géfapixant (pour la toux chronique réfractaire ou d’origine inconnue).






