Une étude de l’Anses alerte sur la présence de PFAS dans l’eau du robinet
Les PFAS, ou per- et polyfluoroalkylés, sont des substances chimiques présentes dans de nombreux produits de consommation. Elles sont connues pour leurs effets nocifs sur la santé. Une exposition prolongée à ces composés peut entraîner une hypertension, des lésions hépatiques, des troubles du système immunitaire, des maladies de la thyroïde, ainsi que favoriser l’obésité, des problèmes de fertilité et divers cancers.
Malgré leur dangerosité, ces polluants se retrouvent dans des textiles comme les rideaux, tapis, moquettes traités antitaches, ainsi que dans certains vêtements imperméables. Ils sont également présents dans divers produits de cuisine, tels que les poêles antiadhésives, le papier cuisson ou sulfurisé traité, et certains emballages alimentaires. On les trouve aussi dans des produits cosmétiques (mascaras waterproof, crèmes solaires, dentifrices, fonds de teint longue durée) et des produits ménagers (nettoyants, cires pour sols, produits anti-taches). Et bien sûr, dans l’eau potable.
Les résultats de l’étude de l’Anses
Face à l’inquiétude croissante de la population, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié, le mercredi 3 décembre, les résultats de sa campagne nationale de mesure des PFAS dans l’eau destinée à la consommation. Cette campagne, menée entre 2023 et 2025, a analysé 35 substances chimiques. Sur ces 35, 20 ont été détectées dans des échantillons d’eau brute, et 19 dans l’eau distribuée au robinet.
La prévalence du TFA dans l’eau
Parmi ces PFAS, certains ne sont présents que dans quelques prélèvements. D’autres, comme le TFA (acide trifluoroacétique), sont beaucoup plus courants. En effet, le TFA a été retrouvé dans 92 % des prélèvements d’eau, qu’elle soit brute ou distribuée.
Selon l’association Générations Futures, le TFA est une matière première utilisée dans la fabrication de produits phytosanitaires ou pharmaceutiques, notamment des médicaments antidiabétiques, antiviraux ou encore des thérapies contre le VIH ou le cancer. La concentration de TFA dans l’eau varie fortement selon les prélèvements. La valeur maximale enregistrée est de 25 000 ng/L, ce qui reste en dessous du seuil sanitaire de 60 000 ng/L.
Concentrations globales et limites réglementaires
Globalement, la majorité des prélèvements présentent des concentrations de PFAS inférieures aux limites fixées par la réglementation lorsqu’elles existent. La directive européenne sur l’eau du robinet impose une limite de 100 ng/L pour la somme des 20 PFAS surveillés. La plupart des échantillons sont en dessous de ce seuil, mais neuf dépassent cette limite, avec des concentrations comprises entre 110 et 451 ng/L.
Une nouveauté relevée par l’étude est la détection du TFMSA (acide trifluorométhanesulfonique), un autre polluant « éternel », présent dans 13 % des échantillons. Il s’agit d’une première en France.
Une exposition préoccupante dans certaines ressources
L’étude s’est déroulée sur l’ensemble du territoire français, y compris les départements d’outre-mer. Plus de 12 000 prélèvements ont été analysés, provenant de points de captage représentant 20 % de l’eau distribuée en France. L’Anses alerte : les ressources en eau à débit élevé sont particulièrement exposées aux PFAS, en raison des différentes voies de dissémination de ces substances.
Les résultats ont été communiqués dans le cadre de la surveillance imposée par la Directive européenne, qui prévoit de suivre 20 PFAS d’ici janvier. L’Anses recommande d’étendre cette liste à cinq autres composés, dont le TFA.
Ces données s’inscrivent dans une démarche de transparence. En juillet dernier, le ministère de la Transition écologique a publié une carte en ligne recensant la présence de PFAS dans l’eau, basée sur 2,3 millions d’analyses accessibles gratuitement, une première en France et en Europe. Le but est de mieux connaître la situation et de réduire la présence de ces polluants dans l’environnement et dans notre quotidien.






