Une nouvelle étude remet en question l’association aspirine-anticoagulant chez les patients coronariens
Le syndrome coronaire chronique, anciennement appelé « angine de poitrine », est une maladie qui résulte d’un rétrécissement des artères coronaires, ces vaisseaux qui irriguent le cœur. Au début silencieuse, cette affection représente un enjeu majeur de santé publique.
En 2018, en France, 1,5 million de personnes étaient atteintes de cette maladie, dont 43 % avaient plus de 75 ans. C’est la maladie cardiovasculaire chronique la plus courante, et aussi la première cause de mortalité dans les pays développés. Pendant longtemps, l’aspirine à faible dose a été le traitement de référence. Elle limite la formation de caillots et aide à prévenir les récidives d’accidents cardiaques.
Beaucoup de patients prennent également un anticoagulant, notamment en cas de fibrillation atriale, pour fluidifier le sang. Cependant, des chercheurs de trois centres hospitaliers français (les CHU de Lille, Brest et Nîmes) ont étudié la pertinence de cette double prescription. Leurs résultats risquent de remettre en question cette pratique.
Une étude sur plus de 800 patients atteints de maladie coronaire
Les chercheurs se sont demandé s’il fallait continuer à prescrire l’aspirine en plus des anticoagulants sur le long terme. D’un côté, cette combinaison pourrait renforcer la prévention des caillots. De l’autre, elle pourrait augmenter le risque de saignements.
Publié dans The New England Journal of Medicine, leur étude a mobilisé 51 centres de cardiologie et inclus 872 patients souffrant de maladie coronaire chronique à haut risque. Après un suivi médian de deux ans, les résultats sont clairs : ajouter de l’aspirine au traitement anticoagulant ne réduit pas le risque de récidive cardiaque. En revanche, cette association augmente significativement le risque de saignements. Face à ces conclusions, l’étude a été interrompue plus tôt que prévu.
Différences entre antiagrégants et anticoagulants
Pour comprendre ces résultats, il est important de distinguer deux types de traitements :
- Les antiagrégants (comme l’aspirine) empêchent les plaquettes de s’agglutiner sur les parois des vaisseaux.
- Les anticoagulants rendent le sang moins coagulable en agissant sur la cascade de coagulation.
Longtemps, l’association de ces deux familles de médicaments a été considérée comme bénéfique. Mais cette étude remet en question cette certitude, en montrant qu’elle pourrait être nuisible chez les patients atteints de maladie coronaire chronique. Ces résultats pourraient influencer les futures recommandations internationales en cardiologie : pour certains patients sous anticoagulants, la prescription d’aspirine à vie pourrait ne plus être systématique.
Source : Aspirin in Patients with Chronic Coronary Syndrome Receiving Oral Anticoagulation, New England Journal of Medicine, août 2025.






